RAE L'ARGENTINE VERS LE MONDE

12 ans de prison requis contre la vice-présidente Cristina Kirchner

Le bureau du procureur impliqué dans le procès pour le détournement présumé de fonds de travaux publics dans la province de Santa Cruz (sud de l’Argentine) entre 2003 et 2015, a requis lundi 22 août douze ans de prison, ainsi qu’une inéligibilité à vie, contre la vice-présidente argentine, Cristina Kirchner.

La demande de condamnation a été faite par le procureur Diego Luciani devant le Tribunal oral fédéral, considérant que l'ancienne présidente était la « tête de l'association illicite » qu’il accuse d'avoir commis le délit d’association illicite et administration frauduleuse aggravées contre des fonds publics.

Le procureur s'est adressé aux juges en soulignant l'impact de la corruption : « Sans justice, il n'y a pas d'ordre ni de paix sociale. Aujourd'hui, la société demande que justice soit faite. C'est entre vos mains, juges. Une condamnation exemplaire peut être le premier pas pour que les institutions reprennent confiance. »

De son côté, le président Alberto Fernández a déclaré dans un tweet presque immédiat : « Aujourd'hui est un jour très ingrat pour quelqu'un qui, comme moi, a grandi dans la famille d'un juge, a été éduqué dans le monde du droit et a enseigné le droit pénal pendant plus de trois décennies. »

« Je réitère mon affection et ma solidarité les plus profondes à la vice-présidente », a-t'il ajouté, diffusant aussi une déclaration du gouvernement national répudiant la demande d'emprisonnement de la titulaire du Sénat dans la procédure des travaux publics à Santa Cruz.

La Confédération générale du travail (CGT), l'association La Cámpora et différents secteurs du Frente de Todos (l’alliance gouvernementale) ainsi que des artistes, des intelectuels et plus de 500 maires tout au long du pays, ont également désavoué ces actions de la justice qui s'inscrivent dans une tentative de « proscription » de l'ancienne présidente.

Mardi 23 août, par le biais d'une diffusion en direct sur les réseaux sociaux, la vice-présidente Cristina Fernández a fait une déclaration sur l'imputation à 12 ans de prison et l'interdiction d'exercer une fonction publique, mettant en cause la « campagne politique et médiatique féroce » qui, selon elle, a suivi la demande des procureurs.

Elle a rappellé également, dans le cadre de ses « droits de la défense »", que ce procès « a commencé par une fiction, un scénario qui était non seulement très mauvais, mais aussi fau »". Dans ce contexte, elle a indiqué que « rien de ce que les procureurs ont dit n'a été prouvé » et a remis en question la couverture de l'affaire par les journaux Clarin et La Nacion, qu'elle a décrits comme « les deux fleurons de la guerre juridique ».

Finalement, elle a associé sa propre situation au lawfare qui, dans la région, poursuit des politiques populaires en Argentine, au Brésil (Lula da Silva a passé 500 jours en prison), Bolivie, Équateur, entre autres.