RAE L'ARGENTINE VERS LE MONDE

45 ans des Mères de la Place de Mai

Le samedi 30 avril marque le 45e anniversaire de la première fois où des mères de disparus se sont rassemblées sur la Place de Mai de Buenos Aires, face au Palais présidentiel, pour réclamer des nouvelles de leurs enfants enlevés, torturés et portés disparus pendant la dernière dictature civil-militaire de 1976 a 1983.
Fatiguées de déposer des appels et des plaintes sur le sort de leurs enfants, les Mères ont changé de stratégie. « Pourquoi n'allons-nous pas à la Place de Mai ? Lorsqu'il verra que nous sommes si nombreuses, Jorge Videla (le président de facto de l'époque) devra nous recevoir », a déclaré Azucena Villaflor de Devincenti, l'une des organisatrices, elle-même enlevée puis assassinée en décembre 1977 par le régime dictatorial.
La réunion a eu lieu le 30 avril 1977, lorsque ces femmes courage se sont rassemblées autour du monolithe au centre de la place. Immédiatement, la police leur a demandé de quitter les lieux. Face au refus des femmes, les agents ont insisté : « Circulez, circulez ».
Et c'est ainsi que l'histoire commença : les Mères se mirent à circuler lentement autour de la Pyramide de Mai, se tenant par les bras, malgré l'impuissance et la peur qui ne les freinaient pas de poursuivre leur but.
Outre Azucena Villaflor de Devincenti, Berta Braverman, Haydée Gastelú de García Buelas, María Adela Gard de Antokoletz, Julia Gard, María Mercedes Gard, Cándida Gard, Delicia González, Pepa Noia, Mirta Baravalle, Kety Neuhaus, Raquel Arcushin et deux autres femmes dont les noms sont inconnus, ont participé à cette première ronde.
Un an plus tard, en 1978, ces protestations jusqu’alors réduites au silence ont reçu une visibilité inattendue : elles ont été filmées dans un documentaire néerlandais le premier jour de la Coupe du monde de football, au grand dam des dirigeants militaires, qui avaient invité les médias étrangers à mettre en lumière le spectacle sportif afin de dissimuler la situation politique du pays.
Face à la camera, les mères, foulard blanc sur la tête, répétaient : « Nous voulons savoir où sont nos enfants. Dites-nous au moins où ils sont ».
Voici un rapport du Téléjournal de Radio Canada du 4 juin 1982, un an et demi avant la fin de la dictature.

Présentation : Éric Domergue, avec la production de Silvana Avellaneda, Julián Cortez responsable du web, sous la direction de Adrián Korol.